diplome homeopathe uniciste Chalon Dijon Macon Lyon
Cas 2 : fièvre invasive à pneumocoque
1980 : deux internes de garde en soins intensifs de cardiologie.
Le « patron » les a autorisés à lire les revues de cardiologie qu’il reçoit dans son bureau. Il est une heure du matin et la garde est calme, ils lisent. Beaucoup d’articles trop pointus pour eux leur passent au-dessus de la tête, sauf un : « traitement des accès hypertensifs par Adalate sublingual ». Très intéressant et prometteur, rapidement efficace et sans effets secondaires (en fait si, mais on ne savait pas encore que la baisse tensionnelle trop rapide pouvait entraîner des AVC). Il faudra s’en souvenir…
À deux heures, une urgence : un patient se présente avec une HTA à 25/13
Normalement, il faudrait entreprendre le protocole prévu, compliqué dans mes souvenirs, avec du Catapressan à la seringue électrique, Lasilix, et si vraiment le patient résiste, du nitroprussiate que seul le « patron » a le droit d’utiliser. Après ce que nous venons de lire, nous choisissons l’Adalate, utilisé à cette époque uniquement comme anti-angoreux.
Je me revois en train de percer les deux gélules orange
…avec une aiguille IM, me demandant :
« est-ce que ça va marcher ? »
Mais oui ça va marcher, vite et bien, et nous voilà le lendemain matin à la grande visite, devant un patient qui va bien. Les deux internes s’attendent à être félicités mais c’est le ciel qui leur tombe sur la tête !
« Vous n’avez pas respecté le protocole prévu ! Vous avez fait courir un risque au patient ! De toute façon, il est impossible que deux gélules d’Adalate réduisent un accès hypertensif ! Et maintenant, l’incident est clos, plus un mot sur le sujet ! »
Les deux internes sont mortifiés. Ce qui peut être lu ne peut-il être entendu ?
2013 : un cabinet de médecine générale à la campagne.
Je revois un patient qui n’est pas un inquiet
Il avait fallu beaucoup insister pour qu’il accepte une consultation d’hématologie devant ces grosses adénopathies cervicales fixées alors qu’il était venu chercher une solution homéopathique pour l’infection récidivante d’un kyste sébacé du menton qui avait motivé plusieurs traitements antibiotiques. Il vient de terminer son protocole de chimiothérapie ABVD + radiothérapie pour ce qui était une maladie de Hodgkin et il revient avec une fièvre à 39°5 qui évolue depuis cinq jours avec des céphalées intenses (!)
D’emblée je suis inquiet : il est gris, terreux, abattu, frissonnant.
L’examen clinique soigneux ne montre rien de particulier en dehors de la fièvre et d’un enduis amygdalien blanc.
Je décide de l’hospitaliser en urgence…
Il refuse, je négocie, il finit par accepter. J’appelle le service d’hématologie pour annoncer son arrivée et je tombe sur la surveillante :
« Oui, je me souviens de ce patient, d’accord, nous l’attendons… Attendez, je vous passe l’assistant du service »
…et là, je tombe sur un confrère qui me prend de haut :
« Immunodéprimé ? C’est vous qui le dites ! Si cela avait été le cas, nous ne l’aurions pas laissé sortir du service ! Ses leucocytes sont à combien ?
– Mais je n’ai pas dosé les leucocytes puisque…
– Comment ? Vous n’avez pas dosé les leucocytes ? Vous allez immédiatement demander le bilan suivant… Nous n’allons pas hospitaliser un patient qui n’a peut-être qu’une simple infection virale. Au revoir Monsieur » Bip bip bip…
Je me retrouve décontenancé devant le patient
Et puisque j’ai quelques minutes devant moi, je fouille les circonstances de survenue de cette fièvre : en fait, le patient, épuisé par son traitement, s’est réveillé pour la première fois en forme il y a huit jours, il en a profité pour retourner son jardin « à la fraîche », il a transpiré, il y avait du vent… Je pose trois questions et je n’en reviens pas : il y a un remède homéopathique qui correspond jusque dans les moindres détails à la situation de ce patient. C’est du niveau d’un débutant en deuxième année.
Je me revois en train de tendre au patient un petit sachet en papier :
« Vous commencez tout de suite et vous répétez trois granules toutes les heures tant que la fièvre persiste »
(dynamisation largement au-delà du nombre d’Avogadro). Nous sommes le vendredi à 11 h.
Je téléphone au laboratoire à 14h30 : 12000 GB dont 82 % de polynucléaires, CRP à 260 ! J’appelle le patient : il va mieux, les frissons se sont arrêtés en 15 mn, il n’a plus que 38°, les céphalées ont diminué en intensité. Je le rappelle le soir : il n’a plus de fièvre, il va mieux. L’assistant du service avait donc raison. Comme je suis de garde tout le week-end, je vais lui téléphoner matin et soir : ne persistent que les céphalées, encore intenses. Il a repris de l’énergie, tout va bien.
Lundi matin, coup de téléphone affolé du biologiste :
nombreuses colonies de pneumocoque sur les hémocultures aéro- et anaérobies que j’avais demandées en plus du bilan « ordonné ».
Sueurs froides rétrospectives ! Je rappelle le patient qui ne voit pas pourquoi il ferait 15 km pour soigner des maux de tête (car les céphalées persistent). Je scanne une ordonnance d’Amoxicilline à son pharmacien par prudence, bien que nous ayons une apyrexie depuis 72 heures. Il ira bien par la suite.
Vous avez continué à lire jusque-là ?
C’est étonnant car chaque fois que j’ai tenté de parler de ce patient à un confrère, lorsque j’arrive au milieu du récit et que je prononce le mot « homéopathie », je suis interrompu par un grand éclat de rire suivi des mots « perlinpimpin ! » ou « placebo ! » ou « granules en sucre ! ». A ce jour, personne n’a pu entendre la suite. Pourtant je ne raconte pas une théorie fumeuse mais un fait clinique objectif confirmé par des examens paracliniques sans équivoque : une fièvre invasive à pneumocoque chez un immunodéprimé guérie par un remède homéopathique seul (ce que je ne me serais jamais autorisé à faire en d’autres circonstances).
Ce qui ne peut être entendu peut-il être lu ?
Cas 3 : kystes ovariens et puberté précoce.
Juliette est une petite fille de 15 mois qui est amenée par sa mère pour deux problèmes :
1- Une rhinite séreuse apparue depuis l’âge de trois mois, résistante aux divers traitements allopathiques.
2- Un eczéma qui est aggravé diffus sur l’ensemble du corps, mais prédominant dans l’aisselle droite, le pli inguinal droit et les fesses.
Antécédents personnels :
Nombreuses otites et rhino-pharyngites fébriles, invariablement traitées par antibiotiques et corticoïdes.
Cette enfant est suivie depuis la naissance par un généraliste à grosse clientèle, qui est connu pour ne pas examiner ses patients. Dans le cas présent, Juliette n’a été ni pesée ni mesurée depuis 6 mois, en cas d’otite fébrile, il se contente de regarder le tympan !
Discours de la mère spontané, discrètement dirigé :
« Ça coule transparent, ça s’arrête 15 jours, ça reprend, quand elle dort, c’est sec, ça se bouche, elle ronfle et respire par la bouche… toute l’année. Elle bouge énormément, elle est coléreuse, elle se jette en arrière quand on lui dit non. Elle arrache, elle jette, avec frénésie, elle pousse les enfants, les fait tomber… Elle ne supporte pas les interdictions, elle déménage tout, elle brasse sans cesse. Depuis qu’elle marche à quatre pattes, elle grimpe partout, elle est casse-cou, elle n’a peur de rien… Elle se tend, elle se crispe, elle adore mettre la tête en arrière, se jeter en arrière. Elle dort sur le dos, la tête en arrière, ou sur le ventre. Elle nous nargue, elle fait des bêtises : elle suce des cailloux en nous les montrant. Elle fait des bêtises pour qu’on s’intéresse à elle ; on ne s’intéresse peut-être pas assez à elle ? Elle descend des bras, les câlins ne durent que quelques secondes ! Elle dort bien la nuit, mais elle bouge beaucoup, elle se découvre, et elle bave en dormant, les draps sont tout humides. Elle a chaud, elle bouge tellement ! Elle est toujours en transpiration ».
Examen clinique :
J’ai noté : remuante de façon frénétique. Eczéma sec débordant de l’aisselle et du pli inguinal droit. Hypertrophie mammaire conséquente (elle a la poitrine d’une jeune fille de 13 ans) sans autres caractères sexuels secondaires. Les mensurations montrent une avance staturo-pondérale à +3DS. S’agirait-il d’une puberté précoce ? Le remède a été choisi comme toujours sur les symptômes personnels, en privilégiant ce qui est rare, curieux, inusité.
Résultat trois semaines plus tard :
« Elle va mieux, elle est moins agressive, elle arrache moins les choses…Plus une trace d’eczéma, ça a été rapide. Par contre le nez coule transparent depuis 15 jours. Elle est nettement plus sympa, c’est constaté par l’entourage. Elle s’assoit pour jouer, c’est inédit ! La première semaine, elle a eu une diarrhée pas possible, ça s’est arrêté d’un coup. »
Le bilan hormonal demandé devant l’hypertrophie mammaire (FSH, LH, HCG, prolactine et œstradiol plasmatique) est normal, par contre l’échographie montre au niveau de l’ovaire droit une structure kystique de 2 cm de diamètre avec 4 nodules liquidiens individualisables.
Le bilan hospitalier montre qu’il s’agit d’une puberté précoce
…Avec quinze mois d’avance au niveau de la maturation osseuse, et une évolution cyclique s’expliquant par des ruptures folliculaires avec poussées d’oestrogénisation expliquant entre autres les symptômes d’agitation et la normalité du bilan hormonal en dehors d’un épisode d’activité kystique. L’échographie pratiquée trois mois plus tard montre une diminution de moitié du volume des kystes ovariens.
En un an, Juliette a reçu sept fois son remède de fond, à chaque fois pour une reprise des symptômes d’agitation et des symptômes ORL. Ce remède entraînera la disparition complète de l’ensemble des symptômes (somatiques et psychiques) en particulier la disparition des kystes ovariens et la régression totale des glandes mammaires, lui permettant d’échapper au lourd traitement aux analogues de la LH-RH prescrits pour dix ans par les pédiatres du CHU de Lyon lors des premiers mois de la prise en charge.
Voici la conclusion d’un compte-rendu de consultation hospitalière envoyé alors que Juliette avait 6 ans :
« …Qui avait présenté il y a maintenant 5 ans une poussée d’oestrogénisation en relation avec un kyste ovarien, qui a été de régression spontanée sans traitement… La situation est tout à fait stable sur le plan clinique, il n’y a aucun développement des caractères sexuels secondaires… »
En somme, le remède homéopathique a entraîné la guérison spontanée de la maladie spontanément curable qui ne guérissait pas. Rien que de très habituel !
Analyse du cas
Comme souvent, les symptômes mentaux, et en particulier les symptômes objectifs de comportement, incontournables dans le cas présent, permettront de faire un premier choix restreint de quelques remèdes. Les quatre premiers symptômes de la répertorisation suffisent à faire penser à Mercurius. Le 4 (qui est un renvoi de « Gestes : met tout à sa bouche ») fait partie ces petits symptômes précieux parce que peu de remèdes s’y rattachent. Pour être certain de ne pas nous égarer, il faut enraciner notre prescription par des symptômes physiques personnels, rares, curieux (l’union du corps et de l’esprit doit toujours être présente au moment du choix du remède). Cette tendance à se jeter en arrière et à projeter la tête en arrière à tout moment doit être retenue, de même la salivation abondante la nuit en dormant. Tout cela est suffisant pour retenir Mercurius en toute certitude. Juliette a reçu une dose en 200K, puis par la suite en XMK. Les autres symptômes locaux sont cités à titre systématique, mais ils ne sont pas nécessaires à la prescription et sont de peu de valeur. Il ne faut en aucun cas démarrer un choix à partir de ce genre de symptômes.
À partir de la deuxième consultation, on peut faire une répertorisation plus simplifiée :
Conclusion :
Ceci vous amènera à un choix très restreint de remèdes, et dans un deuxième temps, vous apprécierez la pertinence de ce choix en vérifiant que vous retrouvez bien le remède choisi dans la plupart des symptômes moins caractéristiques (Jamais dans tous).
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